Localisation
Hautes terres, EST
Durée
1 heures 30
Difficulté
2/5
Dénivelé
+150m
Distance
6km aller-retour
Le volcan Askja – C’est l’une des plus belles découvertes que nous ayons pu faire en Islande. Situé dans l’Est des Hautes Terres, au sud de Myvatn, ce colosse de 1515 mètres et sa caldeira sont un véritable trésor dont seule l’Islande à le secret. On se retrouve dans une zone complètement scénique. La piste est désertique et lunaire. On ressent encore toute la puissance de ce qui a pu s’y passer, c’est d’une rare beauté.
C’est d’ailleurs ici que la NASA a entraîné ses astronautes à la fin des années 60 pour la première mission Apollo. La route pour le volcan est longue. Elle nécessite beaucoup de concentration et de l’expérience. Et la rando passe par quelques névés. Découvrir Askja ça se prépare et ça se mérite. Mais le WOW et les frissons sont au rendez vous lorsque vous approchez ce monstre.
Nous avons eu la chance d’avoir le site pour nous seuls et croyez nous, vous vous sentirez minuscules dans cette caldeira de 45km². Oubliez bébé Kerid et les sentiers touristiques. On vous emmène dans les veines de cet incroyable pays aux 130 volcans qu’est l’Islande.
Askja : Un peu d’histoire
Ce volcan de rift se situe dans un fossé tectonique qu’on appelle Graben Median. On y trouve des volcans boucliers et différentes fissures volcaniques sur plus de 100 km ! C’est ce qui en fait un volcan bien éveillé et actif. Askja est d’ailleurs sous étroite surveillance depuis 2020.
Même si la zone volcanique date de 200 000 ans, le paysage d’Askja tel qu’il est aujourd’hui s’est formé il y a 10 000 ans. En 1875 le volcan Askja a marqué l’histoire et le paysage islandais. L’éruption a duré plusieurs mois. Une importante explosion pyroclastique forme une nouvelle caldeira de 11 km² occupée aujourd’hui par le lac Öskjuvatn. Puis un second cratère né. Nommé alors Viti. Littéralement traduit par le mot Enfer. Rien que ça ! Celui-ci à craché 2,5 km³ de téphras et de la ponce rhyolitique. Du gros cailloux quoi ! Le tout accompagné de 29km² de lave. Une grosse ambiance apocalyptique qui dévasta le quart Nord-Est de l’Islande.
Sa dernière éruption qui date de 1961 éjecta 100 millions de m² de lave et 4 millions de m3 de téphras. Depuis 2021, on note une inflation de 40 cm du fond d’Öskjuvatn. Et des intrusions de magma à peine 2-3 km sous le cratère se sont produites début 2023. Faisant fondre une grosse partie de la glace sur le lac et frissonner les volcanologues amateurs et experts penchés sur son cas.
Bref vous l’aurez compris, avec lui on ne rigole pas.
Askja : Comment y aller ?
Le volcan se situant dans les hautes terres il vous faudra dans un premier temps obligatoirement un 4X4. Ne vous y tentez surtout pas en SUV, encore moins en citadine.
Soyez prêts, organisés et alertes sur la météo. L’accès n’est possible qu’en été sous conditions. Le réseau est quasi inexistant et il n’y a aucune pompe essence dans les environs.
Le site est complètement isolé. Il existe deux accès pour atteindre le volcan Askja. Soit par la F88, soit par la F905 puis la F910 (ce que nous avons choisi). Dans les deux cas, sachez qu’il vous faudra traverser soit la Lindaá (une rivière moyenne) soit la Thrihyrningsa, plus petite mais plus technique.
Par la F88, 91km jusqu’au refuge. La piste est plus courte et surtout plus facile. Mais la traversée de la Lindaá est large et la rivière est sujette aux variations de niveau selon la météo.
Par la F905-F910, 120 km jusqu’au refuge de Dreki. La piste est beaucoup plus longue et difficile à certains moments. Mais les paysages sont dingues et la Thrihyrningsa est plus courte. C’est l’une des plus belles pistes d’Islande. C’est pour celà que nous avons choisi cet accès.
Askja : Notre expérience
La piste commence par la F905 avec 37km de tôle ondulée jusqu’au premier gué. C’est la fameuse Thrihyrningsa. Pour rappel, nous étions en duster 4X4 et le soleil était au rendez vous depuis la veille. Nous nous arrêtons face à cette rivière et nous nous posons la fameuse question. C’est pas une mare cette fois ci. Par où on passe, et surtout, est ce que ça passe ? Par chance, un 4X4 plus gros que nous arrive d’en face au même moment. On observe et on apprend. Il passe en suivant une trajectoire bien spécifique et trace sa route. On voit bien que ce n’est pas simple et qu’il y a quand même 40/50 cm de profondeur.
Viennent ensuite 2 motards. Cette fois ci on les voit bien analyser avant de se lancer. On reste bouche bée en se demandant comment ils vont faire ?! Le premier passe l’eau jusqu’aux genoux avec un peu de mal face au courant, mais il rejoint notre rive. Le second s’enfonce et tombe presque dans l’eau mais finit par s’en sortir lui aussi.
On se dit alors que si des motos passent, on devrait nous aussi y arriver. Ils s’arrêtent à notre hauteur pour discuter avec nous. Ils nous ont rassurés et nous ont même proposé d’attendre que l’on passe au cas où il y aurait un problème. François se met à serrer les fesses avec moi. Je prends alors le volant et mon courage à deux mains. On en oublie même le drone pour garder le souvenir de cette traversée et je m’élance.
Askja : Le passage du premier gué
Je suis le code de conduite et je sens tout de suite que ce ne sont pas des sensations habituelles. Le sol est meuble, il y a beaucoup de petits cailloux et le courant pousse. Mais en suivant bien le virage et le sens de l’eau, à vitesse régulière, tout va bien. C’est très impressionnant comme sensation !
Les motos lèvent les bras pour fêter notre victoire, on klaxonne et on crie merci dans l’euphorie du moment avant de continuer notre chemin.
On traverse le deuxième gué assez simple cette fois, c’est droit devant ! La piste se poursuit sur une dizaine de kilomètres de tôle ondulée, d’argile et de sable puis vient l’entrée du parc du Vatnajokull et de la F910. Le paysage est incroyable et infini. C’est un plaisir inqualifiable de rouler dans un endroit tel que celui- ci. On se croirait vraiment sur une autre planète ou sur la lune. Passé le portail, la carte postale se grise de roche et de poussières. On traverse un barrage où les eaux sont d’une fougue incroyable puis on se met à rouler carrément sur d’anciens champs de lave avec des reliefs volcaniques autour de nous et le célèbre Herdubreid.
On joue de l’embrayage très souvent et la vitesse ne dépasse pas les 20 km/h. C’est carrément surréaliste comme piste !
On enchaîne la roche volcanique et le sable sur 45 kilomètres jusqu’au refuge de Dreki. On est au pied du titan qu’est le volcan Askja. C’est un endroit exceptionnellement fou !
Askja : Où dormir ?
Le refuge de Dreki est le seul endroit où vous pourrez vous reposer. Il est devant la gorge grise de Drekagil au pied des montagnes Dyngjufjöll. Malgré son isolement vous y trouverez tout ce dont vous avez besoin. Il y a deux cabanes chauffées avec cuisine équipée, wc, lits. Les douches et d’autres toilettes sont dispo dans un autre bâtiment pour les campeurs. Et vous êtes priés de ramener vos déchets avec vous.
Vous y trouverez aussi l’incroyable équipe de rangers sur place. Ils ont leur propre cabane et sont hyper accueillants. (Surtout s’ ils font un BBQ ahah). Décalés avec le soleil de minuit nous sommes arrivés assez tard et on se tâtait à attendre le lendemain pour randonner. Comme il s’agit d’une zone particulière et isolée, nous les prévenons de notre arrivée et de nos plans. Au fil de la discussion on à autorisation de droner car nous sommes les seuls randonneurs ce soir là. On apprend aussi qu’une tempête sera sur place le lendemain matin et que dans la région, une tempête c’est tous aux abris. Il faudra soit patienter une journée au refuge qu’elle passe, soit c’est feu vert dès maintenant.
Askja : La rando
Nous étions si excités d’être sur place que nous avons décidé de randonner le soir même. Il est 23 heures lorsque nous partons vers la caldeira. On prend la piste F894 jusqu’au parking Vikraborgir. Les rangers avaient checké nos chaussures et notre équipement avant de nous laisser partir, et on comprend vite pourquoi. Nous sommes en Juillet certes, mais à 1000 mètres d’altitude. La piste est creusée à certains endroits au travers 2 mètres de couche de neige et arrivés au parking, on remarque que la randonnée ne se fera que sur des névés.
Le sentier est malgré tout bien balisé, impossible de se perdre. En temps normal il n’y a pas autant de neige et la rando se fait facilement. C’est plat et ça monte légèrement. Mais avec la neige plus ou moins tassée et parfois humide, ça fatigue bien les chevilles et les genoux. Le contraste entre le blanc de la neige et le noir du sol volcanique est frappant. On croise un bonhomme de neige sur le chemin qui s’émerveille comme nous devant les Dyngjufjöll au loin. Puis après 45 minutes de marche le spectacle s’offre à vous.
C’est grandiose. Exceptionnel. Le lac d’Öskjuvatn se découvre à chaque pas jusqu’au moment où on se retrouve juste au-dessus du Viti.
La vue est vraiment spectaculaire, à vous donner des frissons dans tout le corps.
Le Viti est le célèbre cratère au petit lac laiteux bleu pastel (qui rappelle les eaux des bains de Myvatn ou du Blue Lagoon). L’eau y est à 25-26°c toute l’année. Certains s’y baignent même si elle est déconseillée. La descente est très raide et glissante, et la présence de dioxyde de carbone dû à l’activité d’Askja ne permet pas de rester trop longtemps au risque d’un malaise. Et puis vu son niveau d’alerte, on vous déconseille l’expérience bien qu’elle soit insolite.
Le lac Öskjuvatn fait 11km² pour 220 mètres de profondeur. Le Viti fait à peu près 1km² pour 60 mètres de fond à titre de comparaison. L’immensité de cette caldeira est poignante. On s’imagine très facilement l’ampleur des dégâts. On comprend aisément l’aspect lunaire des environs. Et nous, on est là. En plein cœur de cette caldeira.
Définitivement, le site volcanique d’Askja est extraordinaire.
Askja : A ne pas rater dans les environs
En repartant de la région d’Askja vous pourrez rejoindre le canyon de Studlagil par la F910.
Nous vous conseillons de partir via la F905. La piste vous emmènera jusqu’à un bain naturel peu connu et assez fou. Le bain s’appelle Laugarvellir. Il faudra prendre un petit chemin sur votre droite jusqu’à un petit parking. D’ici il suffit de traverser le pont et de marcher quelques minutes avant de piquer une tête. Vous passerez aussi devant une petite cabane refuge si jamais vous souhaitez vous restaurer et vous reposer un peu.
Nous sommes partis tôt sous les conseils des rangers pour esquiver la tempête. Mais il y avait déjà beaucoup de vent. On marche une dizaine de minutes avec le vent de face. Par chance, le bain est en contrebas et un peu à l’abri du vent. En plus, il n’y a personne ! On pose nos affaires dans un petit coin et c’est le plouf du bonheur. Au loin, on apercevait la tempête prendre de l’ampleur et devenir une vraie tempête de sable ! C’était dingue. Pendant ce temps, on prenait notre pied. L’eau est quand même à 35-40°c par endroit. Par contre, c’était franchement rock n’ roll de sortir de l’eau ahah. En haut, des planches sont disposées debout pour se cacher et s’isoler un peu du vent le temps de se rhabiller. Nos maillots étaient quasi secs en revenant à la voiture tellement ça soufflait !
Le canyon Hafrahvammar
Sur cette même piste, vous longerez un impressionnant canyon dont personne ne parle. Il s’agit de Hafrahvammar. Malheureusement, la tempête nous rattrape. Pour des raisons de sécurité nous ne sommes restés que quelques instants sur place et n’avons pas poussé la randonnée plus loin. Mais wow, quel canyon ! Il mesure plus de 8 km de long et fait 200 mètres de profondeur. La randonnée dure 6 heures en moyenne. Elle permet une vue d’exception en hauteur et de descendre tout en bas voir cette eau turquoise de plus près.
Les hautes terres sont vraiment pleines de surprises